Chapître 1: Un message d'en dessous



"Les racines de sisal valent deux fois ce prix ! Tu n'es qu'un sale voleur !" gronda Urdam. L'elfe resta stoïque. "Mon offre est juste, malabar. Personne ne t'en offrira plus." Urdam fit craquer ses articulations et plissa le front, verrouillant son regard froid sur le savant. Il était plus grand que l'elfe et beaucoup plus imposant, mais il savait d'avance que cette tactique n'aurait aucun effet. Les hauts elfes âgés de plusieurs siècles ne se laissent pas intimider si facilement. "Très bien !" lâcha-t-il. "J'accepte cette offre minable, Eledran." "Parfait," répliqua l'elfe en lui tendant l'or. "Je suis toujours content d'acquérir des objets rares de ce coin du monde." "Ce que tu me paies ne me dédommage même pas du temps que je passe à les trouver," persifla Urdam. "S'il n'y avait pas tous ces objets précieux que je trouve en voyageant ici en Antonica, je ne viendrais même pas. Heureusement, je trouve souvent des artefacts qu'on m'achète à bon prix, à Freeport." "Tu veux dire que tu trouves souvent des proies faciles à dépouiller," riposta Eledran. Le malabar haussa les épaules. "Mes acheteurs ne posent pas de questions. Ils savent que je suis une sorte de récupérateur d'objets rares. Comme cette amulette que j'ai libérée de son propriétaire précédent. Laisse-moi te la montrer." Il ouvrit son sac, le fouilla longuement, et en retira un certain nombre d'objets qu'il posa sur le comptoir devant l'alchimiste. Un parchemin en lambeaux attira l'attention du vieil elfe. "Qu'est-ce que c'est ?" Urdam jeta un coup d'?il au parchemin. "C'est un parchemin découvert par deux gnomes. Ils ont dit l'avoir trouvé dans des gravats dégagés depuis peu dans les Thundering Steppes. Je ne sais pas lire cette langue, alors j'allais le proposer à un de mes acheteurs de l'Academy, à tout hasard." Les doigts souples d'Eledran déroulèrent doucement le parchemin. "Etrange," murmura-t-il. "La dernière fois que j'ai vu ce dialecte gnollien, c'était avant les cataclysmes." "Je ne suis pas bibliothécaire," grogna Urdam, sentant une opportunité. "Si tu veux le lire, tu dois l'acheter." Eledran fronça les sourcils, conscient d'avoir fait une erreur en montrant son intérêt. "Très bien," soupira-t-il, proposant plusieurs pièces d'or supplémentaires au malabar. "Hmm," dit Urdam, frottant sa barbe rousse, "Je suis sûr de pouvoir en tirer plus auprès de mon ami de l'Academy." "N'abuse pas de ta chance. Ce parchemin est une curiosité, rien de plus. Si ceci ne te dédommage pas du peu d'efforts que tu as faits pour voler ça à deux petits gnomes, tu peux prendre tes affaires et retourner au royaume de ton Suzerain." Urdam ricana et prit les pièces. "C'est bon ! Je ne voulais pas m'embêter à l'emporter avec moi jusque là-bas de toute façon. J'ai d'autres clients à satisfaire, Eledran. On se voit le mois prochain." L'elfe acquiesça. L'humain s'apprêtait à sortir de boutique, quand il l'appela soudainement. "Urdam, ces gnomes t'ont-ils montré où ils l'ont trouvé ?" Il s'arrêta. "Peut-être bien que oui." L'elfe tiqua. "Je double la somme que je t'ai donnée aujourd'hui si tu me montres cet endroit." L'humain regarda Eledran, un sourire rusé aux lèvres. "Prépare tes affaires. Et n'oublie pas mon or." "Je n'aurais jamais cru qu'un alchimiste pouvait avoir une armure de cette qualité," dit Urdam, étonné. "Ne crois pas que ma profession actuelle soit la seule que j'ai eue," dit Eledran. "J'ai parcouru des royaumes que tu ne visiteras jamais et vu des êtres qui n'ont pas arpenté Norrath depuis une éternité." Le malabar haussa les épaules. "Inutile de s'énerver. Je disais ça comme ça." "Tu es sûr que c'est par-là ?" "Absolument. On est passés devant la mine du cratère il y a un moment, et j'ai trouvé le camp des gnomes juste de l'autre côté de cette colline. On devrait plus être loin." Ils gravirent la petite colline et Urdam indiqua des gravats. "C'est ici." Alors qu'ils atteignaient les rochers, l'elfe étudia les alentours. "Tout a tellement changé. On ne reconnaît pas grand chose dans le paysage mais la forme de ces roches en forme de défenses semble familière." "Ça te dérangerait de me dire de quoi tu parles ?" demanda le malabar. "Utilise ces muscles dont tu es si fier et aide-moi à déplacer ces rochers. On dirait que des tremblements les ont descellés du sol." Urdam croisa les bras. "N'y compte pas. Je t'ai amené ici, mais tu peux bien me proposer tout l'or que tu veux, je ne bougerai pas le petit doigt tant que tu ne m'auras pas dit ce que tu penses y trouver. Qu'est-ce qui est écrit sur ce parchemin ?" L'elfe plissa le front. "Très bien, je suppose que tu as le droit de le savoir. Le parchemin que tu m'as donné est écrit dans la langue des gnolls pattes-fendues. As-tu déjà entendu parler d'eux ?" Il secoua la tête. "J'ai fait la peau à beaucoup de gnolls de cette région, mais jamais de ce clan." "Non, ça ne risque pas. Les Pattes-fendues avaient un énorme repaire situé dans la partie sud des Plains of Karana, le nom que portait cette région avant la Fissure. Craignant les cataclysmes, les Pattes-fendues s'étaient retirés dans leur repaire, dont l'entrée s'est effondrée lors d'un grand tremblement de terre. On a supposé qu'ils étaient tous morts et enterrés." Urdam se caressa la barbe. "Et quelque chose dans ce document te fait penser que ce n'est pas le cas ?" L'elfe acquiesça. "Malgré son aspect antique, il n'est pas très vieux. Il s'agit apparemment d'une page d'une sorte de journal, dans laquelle il est question de trouver un chemin vers la surface. L'auteur dit que ceux d'en dessous n'honorent pas leurs traditions, et qu'il veut tous les tuer." "Ceux d'en dessous ? Et il s'agirait de..." "Je n'en sais rien. Peut-on déplacer ces rochers maintenant ?" Urdam se renfrogna. "Et explique-moi donc pourquoi je voudrais t'aider à déterrer un ancien repaire gnoll potentiellement dangereux ?" "Les gnolls pattes-fendues étaient connus pour amasser des artefacts rares et des trésors," répondit Eledran. Urdam fit un signe de tête. "On ferait bien de commencer à creuser, dans ce cas." Ils excavèrent les gravats, dégageant les rochers jusqu'à ce qu'apparaisse ce qui ressemblait plus ou moins à un passage voûté. "Oui, ça m'a l'air d'être ça," dit Eledran. "Continuons encore un peu." "Attends," dit Urdam, s'immobilisant. "Tu as entendu ?" "Entendu quoi ?" répondit l'elfe. "Un bruit? comme si quelqu'un d'autre déplaçait des caillasses tout près," dit le malabar en regardant autour d'eux. "Mais je ne vois personne qui pourrait creuser à part..." Urdam s'arrêta et regarda les décombres, puis Eledran. Il se redressa et sortit sa massue et son katar. "Quelque chose vient de là-dessous." Eledran alla à son sac et en tira son épée. Ils s'écartèrent et observèrent les galets et la poussière se détacher sous la pression de rochers que l'on repoussait vers l'extérieur. Un dernier gros rocher roula en avant, dégageant une ouverture obscure. Le silence régna pendant un instant. "Tiens-toi prêt," souffla le malabar. "Les voilà ."



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Chapître 2: Les Hurlements des Ténèbres



"Ça va, Urdam ?" demanda Eledran.



"Ouais," répondit le malabar en rangeant ses armes avant de s'occuper de sa blessure au bras. "Ces gnolls sont des fous furieux, on dirait qu'ils n'ont plus rien à perdre. Ils semblent..."



"Affamés," ajouta l'elfe.



Urdam opina. "Sans aucun doute. Les gnolls de la surface n'ont pas cette même folie au fond des yeux. Je me demande depuis combien de temps ces monstres vivent reclus ici."



"J'ai une meilleure question," lança Eledran : "Qu'est-ce qui les a poussé à remonter à la surface après toutes ces années ?"



"En tout cas, on dirait qu'on ne peut pas aller plus loin. Le tunnel semble se terminer ici."



Eledran observa les tonneaux et les débris qui jonchaient le sol parmi les cadavres de gnolls, puis ajouta : "Je parie qu'on peut atteindre cette saillie là-bas. Aide-moi à disposer ces caisses afin qu'on puisse s'en servir pour s'y hisser."



Ils empilèrent les caisses et réussirent à atteindre l'entrée d'un autre couloir.



Urdam sonda l'obscurité. "Tu vois quelque chose ?"



"Je ne vois aucune créature vivante," répondit-il. "Mais il me semble entendre des bruits de combat un peu plus loin."



Le malabar opina du chef et sortit ses armes. Eledran murmura une incantation afin d'invoquer un petit rayon de lumière pour les guider.



Après avoir arpenté prudemment le tunnel tortueux, ils aperçurent des lumières briller devant eux. Les cris des gnolls et les bruits de magie ésotérique envahirent soudain les lieux. Au détour d'un coin, ils découvrirent une scène de combat. Une silhouette isolée était encerclée par des gnolls qu'elle maintenait à distance à coups de sorts divers.



"Elle a bien besoin d'un coup de main, on dirait" murmura Urdam. Se lançant vers le groupe, il envoya de toutes ses forces sa masse sur la tête d'un des gnolls qui se tenait derrière elle.



La femme se retourna, révélant son teint bleu foncé et sa chevelure claire. "Je n'ai pas besoin d'aide, humain," dit-elle tandis qu'elle invoquait un brouillard vert qui mit à mal les derniers gnolls.



Eledran ricana en sortant son épée : "Quel dommage, tes intentions étaient si nobles, Urdam."



Le malabar se mit à rire tandis qu'il poursuivait son attaque. "Tu pourrais au moins nous remercier," insista-t-il.



Une rafale d'énergie violette déferla des doigts de la Teir'Dal, assommant les gnolls qui tombèrent à terre. "Je vous remercierai si vous me montrez comment sortir de cette grotte minable. Ces chiens ne valent pas la peine qu'on se donne tant de mal."



Le haut-elfe rangea son épée tandis que les derniers gnolls succombaient. Il se dirigea vers elle, et approuva de la tête. "Je suis Eledran, et voici mon associé, Urdam. Comment avez-vous atterri dans cet endroit ? Je croyais que nous étions les premiers à y pénétrer."



Irritée, l'elfe noire croisa les bras. "Je m'appelle Yessina. Croyez-moi, je n'ai pas demandé à venir ici ! Je passais près du village de Thundermist avec mes compagnons lorsque nous avons remarqué une grotte de pierres singulière le long de la route. Nous l'examinions de plus près lorsque ces gnolls ont surgi et m'ont attrapée. C'est comme ça que je me suis retrouvée ici. Il y avait aussi un nain du nom de Bruggo mais ses blessures l'ont empêché de tenter une nouvelle évasion. Je l'ai laissé et je suis partie toute seule. Vous n'avez pas été enlevés comme moi ?"



"Non," répondit Eledran, "mais nous aussi souhaitons quitter ces lieux. Puis-je suggérer que nous fassions route ensemble ?"



"Ce serait un honneur de vous protéger, chère madame," dit Urdam en souriant.



Levant les yeux au ciel. "Je peux me protéger toute seule, voyou. Veillez juste à ce que ces sales chiens ne posent pas les pattes sur moi."



Eledran se mit à rire une fois encore, puis désignant le chemin devant lui : "Essayons par là."



Ils empruntèrent plusieurs tunnels tortueux, décimant les bandes de gnolls qu'ils croisaient sur leur passage. Enfin, ils arrivèrent à une vaste brèche s'ouvrant sur une grande caverne où la lumière de torches se reflétait dans des mares.



"Ça a l'air sans danger," dit Urdam poursuivant son chemin.



"Attendez," dit Yessina avec circonspection. "Vérifions la zone avant de…" mais Urdam marchait déjà d'un pas décidé.



"Il n'aime pas trop les ordres," précisa Eledran.



"Vous devriez apprendre à mieux contrôler vos compagnons," ironisa-t-elle en le suivant.



Tandis qu'ils s'avançaient, Urdam s'arrêta net. "Quelque chose approche," leur dit-il.



"Espèce d'idiot !" gronda Yessina, pour protéger ses alliés du danger. "À en juger par les bruits, c'est bien plus qu'une simple chose."



Le bruit s'amplifia et le sol sembla trembler un peu. Soudain, des dizaines de gnolls à fourrure sombre surgirent avant de charger dans leur direction.



"Allons-y !" cria Urdam, prêt à faire usage de ses armes. Mais les gnolls passèrent devant eux, remarquant à peine leur présence.



Eledran se retourna et les regarda s'éloigner. "Comme c'est étrange."



"Je suppose qu'on les a fait fuir," dit Urdam, dans un clin d'oeil.



"Ce n'est pas nous qu'ils fuyaient, malabar. C'est autre chose," leur expliqua Yessina.



Un autre bruit se fit entendre depuis le tunnel, devant eux. Les trois compagnons se retournèrent pour voir de quoi il s'agissait. Cinq silhouettes massives portant de solides armures surgirent à grands pas de l'obscurité, armées jusqu'aux dents. Lorsqu'elles aperçurent les trois compagnons, elles s'arrêtèrent un instant avant de reprendre leur progression, tous crocs dehors.



"C'est des gnolls, ça ?" demanda Urdam.



"Je l'ignore," répondit Eledran, "mais nous devons nous tenir prêts."



Les énormes créatures à fourrure s'approchèrent d'eux tandis qu'un grondement sourd emplissait la pièce.



On entendait des hurlements au loin.



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Chapitre 3: La Chute de Faroth Mal



"Silence ! Les ossements ont parlé !" intima la voyante Bloodhackle du haut de son perchoir dans le Splitpaw Den. "La menace du dessous a grandi et pourrait surgir dans Splitpaw et même au-delà si on ne fait rien pour la contenir ! Vous devez rassembler vos forces et envahir la zone avant qu'il soit trop tard !" Les membres de l' Ascendance lui répondirent par un grand bruit d'armes entrechoquées et une clameur grondante. Ils en avaient entendu assez et étaient prêts à se battre.



Les aventuriers apparurent les uns après les autres dans l'anneau terraporteur, provoquant à leur passage de petites rafales fulgurantes de lumière bleue. Au bout de quelques instants, une fois leur vision et leur sens de l'orientation recouvrés, ils scrutèrent la caverne adjacente. Une armée de gnolls underpaws était réunie sous leur commandant, en pleins préparatifs de guerre. Après un discours assourdissant, le commandant Spliteye et son armée entamaient leur marche vers les salles supérieures, mais avant qu'ils n'aient pu sortir, une silhouette ténébreuse plongea un poignard dans Scald, le fidèle dreadsnout de Spliteye. La guerre avait commencé. Les éclairs d'acier et les fourrures dansaient au-dessus du sol couvert de sang ; l' Ascendance décima plusieurs vagues d'Underpaws, jusqu'à ce que le Commandant lui-même tombe face contre terre dans une mare de sang.



Alors que la poussière retombait et que l' Ascendance commençait à se partager le butin, un bruit de coup étouffé s'amplifia dans la caverne. De l'autre côté de la caverne surgit le plus grand gnoll de tous les temps : Faroth Mal, le chef des gnolls underpaws. Faroth Mal regarda les aventuriers avec un sourire narquois, silencieux, tout en remontant à grands pas la rampe qui menait à son trône, devant lequel il se dressa.



"Comment osez-vous pénétrer dans mon royaume et insulter les vrais enfants de Brell !" Faroth Mal cracha avec un sifflement maniaque. "Nous devons purifier Splitpaw en éradiquant ces répugnants cannibales ! Votre présence est un affront à notre pureté ; vous devez périr vous aussi !"



Faroth Mal bondit en avant, et au même moment, des gnolls surgirent des niches qui constellaient les murs de la caverne. Désormais sur la défensive, mais toujours intrépides, les membres d' Ascendance reprirent le combat, tranchant et abattant l'ennemi. Grâce à son organisation et à une étrange information rapportée par un éclaireur de la guilde, l' Ascendance lamina lentement les forces de Faroth Mal jusqu'à ce qu'il s'épuise. Rothgard était venu pour s'assurer que la mort de Cheeb était bien vengée.



Les murs hurlèrent, tentant vainement de rester intacts. Le sol commença à se soulever violemment et les murs à se fissurer. Des rochers tombèrent en pluie, menaçant d'écraser et d'empaler les aventuriers triomphants. Dès que Faroth Mal tomba, les cavernes commencèrent à s'effondrer. L'urgence était maintenant de sortir, c'était une question de vie ou de mort. L' Ascendance se mit à escalader à toute hâte les rochers et les stalactites jonchant le sol pour rejoindre la surface. Alors qu'ils traversaient un dernier étranglement, le plafond trembla une dernière fois et tomba dans un fracas. Les derniers membres de l' Ascendance, pleins d'audace résolue, bondirent dans une caverne ouverte tandis que les rochers s'amoncelaient derrière eux.



Les tremblements cessèrent et les membres de la guilde se regardèrent les uns les autres, abasourdis. "Tu parles d'un butin," dit Kumek

en se mettant à rire et en époussetant ses manches. "C'est pas drôle !" fit Jedette

d'un air mécontent, "J'en ai assez de risquer ma peau pour?" "Regardez !" cria Drave. Une étrange lueur les enveloppait. Salvatorre se pencha pour la toucher, incrédule. "C'est de l'or ! Des charretées d'or !" L' Ascendance venait de tomber sur le légendaire coffre au trésor du clan des Underpaws. La suite fait désormais partie de l'histoire.



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